AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

Partagez

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyLun 12 Aoû - 22:50

    Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes
    RAFAEL & ANAËLLE

    .ReedNight

    Le thème ô combien connu, même de ceux qui n’avaient jamais vu le film, résonna dans la salle de cinéma, tandis que les noms des acteurs défilaient sur l’écran, plan sur le pavé, et les gens qui passaient, leurs parapluies au dessus de la tête. Je sentis mes yeux s’humidifier, alors que le film n’avait même pas commencé, et que la musique devenait légèrement plus forte. Je me mordis vigoureusement la joue, et secouais doucement la tête. Les crédits se succédaient sur l’écran, je le savais, le devinais, et je pouvais encore revoir dans mon esprit les parapluies qui se succédaient à l’écran, alors que la musique de  Michel Legrand semblait m’emporter... dans mes souvenirs.
    J’avais 17 ans, lorsque j’y étais allée pour la première fois : mon père m’y avait emmené (mon vrai père, j’entends) : s’il y avait bien une chose qu’il aimait presque autant que moi, c’était le cinéma. Et j’aimais regarder ses grands yeux écarquillés fixés sur l’écran, j’aimais lire l’émerveillement dans son regard. J’aimais l’entendre rire et -quand bien même ça me pinçais le coeur- j’aimais le voir pleurer. Certains avaient tenté de me dire «mais de toute façon, il ne comprend pas !» : et quand bien même était-il aussi intelligent qu’un enfant de huit ou neuf ans, je me contentais de hausser les épaules et d’assassiner du regard quiconque pensait pouvoir se permettre de faire la moindre remarque. Nous nous étions rendus au premier French Film Fest, il y a seize années de cela. Et aujourd’hui, j’étais de nouveau assise dans cette salle, vêtue d’une de mes nombreuses robes tailleur, une veste sur les épaules pour ne pas avoir froid.
Je n’aurais pas sû vous dire s’il y avait beaucoup de monde, ou non. J’avais les oreilles encore pleines de toutes ces paroles chantées (sans doute certains détesteront-il le film pour cela), et mes yeux ne quittaient pas l’écran alors que la voiture de Geneviève se garait devant la station essence de Guy. Les français avaient cette habitude de ne pas bien finir leurs films. Certes, on ne pouvait pas dire que c’était une fin triste, mais elle était... abominablement réaliste. J’observais l’échange musical entre les deux acteurs, et sentit mon épiderme frissonner lorsque Guy hocha la tête, de gauche à droite. Non. Non, il ne voulait pas. Je me mordis les lèvres, et la musique se fit plus forte alors que la voiture disparaissait dans la neige, et que l’amoureux jouait avec son fils dans la neige. Je baissais la tête, et levais la main, venant appuyer l’intérieur de mon poignet sous mes yeux, à droite, et à gauche. C’était ridicule, je le savais bien. Mais je n’avais pas pu m’empêcher de laisser échapper quelques larmes. Terrifiante réalité que celle de ce film. Troublante. Réelle.

    Les lumière se rallumèrent doucement, et l’écran perdit aussitôt de sa luminosité. Je me sentis... agressée, par cette lumière nouvelle, comme mise à nue, découverte. Exposée. Nerveuse, je me redressais dans mon siège, comme prise la main dans le sac, et récupérais mes affaires, mon sac glissé sur le siège à côté (technique vieille comme le monde afin de chasser les indésirables). Je me lève, je remets quelques mèches blondes en place de part et d’autre de mon visage, et pivote, afin de faire face à la sortie.
De faire face à Anaëlle Prescott.
Putain de merde.

    Je reste là, une seconde, une longue seconde, peut-être même deux secondes, à la regarder. Je contrôle ma mâchoire, qu’elle ne se décroche pas sous le coup de la surprise, et mes yeux clairs semblent se perdre dans les siens, alors que je la regarde, droit dans le blancs de ses yeux bleus. C’est bien ma veine. Des millions de questions se bousculent dans ma tête (qu’est-ce qu’elle fait là, pourquoi elle est là, est-ce qu’elle est seule, est-ce qu’elle m’a vu, est-ce qu’elle m’a vu tout à l’heure, depuis combien de temps est-elle là, est-ce qu’elle m’a vu l’autre soir, est-ce qu’elle sait que je l’ai vu l’autre soir, est-ce qu’elle a parlé à quelqu’un de ce qu’il s’était passé l’autre soir, le soir d’avant encore, je parle, est-ce qu’elle a déjà repensé une fois, ou deux, au bal, est-ce qu’elle s’est demandé le lendemain, comme moi, si ça n’avait pas été la chose la plus stupide qu’elle avait fait dans sa vie).
Et alors que toutes ces questions se bousculent dans ma tête, un corps me bouscule, physiquement, pour sortir de la rangée, et je reprends conscience, comme arrachée à mon état de songe, et secoue la tête, avant d’emboîter le pas au vieil homme qui grommelle en ce qu’il me semble être du français (guère étonnant), pour m’échapper à mon tour de la rangée, puis de la salle en elle même, et du cinéma. Le soleil de l’après midi me frappe alors que je mets le nez dehors, et je bats des cils pour que ma rétine s'habitue à la nouvelle luminosité. Je fouille dans mon sac à la recherche de mon paquet de clope, et alors que le briquet émet son cliquetis habituel, suivit du grésillement de la flamme contre la cigarette, je revois les yeux d’Anaëlle, par dessus la flamme. Je n’y avais plus pensé depuis un moment, désormais. C’était bien ma veine, de lui retomber dessus, comme ça : la nouvelle orléans était pourtant grande, j’allais commencer à croire qu’elle me suivait... Ou bien que, finalement, peut-être bien que le barbue là haut existait, et qu’il essayait de me faire passer un message. Les conneries sur le destin, et tout ça.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyMar 13 Aoû - 11:56



Un non, c'est comme un oui, mais avec des lettres différentes
« It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves. »

You gotta be fucking kidding me.
Voilà les mots qui traversèrent plus d'une fois les pensées de l'adolescente alors qu'elle regardait le film se déroulant sous ses yeux. Si Dieu existait, elle ignorait sincèrement ce qu'elle avait fait pour mériter une telle punition. En dehors de préférer les femmes aux hommes, évidemment. Non, parce que là, elle ne pouvait pas avoir plus de malchance qu'en cet instant. C'était juste... Impossible. Ou plutôt improbable. Qu'elle tombe sur un film où la distance séparait deux amants, les poussant finalement à ne jamais se revoir jusqu'à ce que le destin les réunisse pour les séparer à nouveau... Ah bah, elle avait bien choisi, pour le coup. Elle était venue pour se détendre, mais non, évidemment, c'était trop demandé. C'était la première fois qu'elle venait à ce festival, et elle parvenait à choisir probablement le seul film dont l'histoire était proche à ce point là de la sienne. Elle savait qu'elle aurait dû rester plus longtemps au lit ce matin et se rendre à la séance suivante, mais non, elle n'avait pas eu la patience d'attendre, et maintenant, elle s'en mordait les doigts.
Elle avait donc poussé de nombreux soupirs au cours du films, agaçant profondément ses voisins, tout en essayant d'arrêter de regarder sans pouvoir s'y résoudre. Surtout que, si on oubliait le fait que les personnages chantaient de manière particulièrement ridicule tout le long de l'histoire, il s'avérait des plus intéressant sur un plan esthétique. Et même sans s'y connaître réellement en cinéma, Anaëlle parvenait à le voir. Et elle aurait sans doute su l'apprécier si elle ne s'était pas sentie si mal tout le long du film, son cœur se serrant trop facilement à son goût lors d'une scène trop poignante, alors même qu'il y avait moins d'un mois ça ne lui aurait rien fait. Mais ces derniers temps, elle avait l'impression de tout ressentir avec une force décuplé. Et elle n'aimait pas ça. La sensation lui était trop familière pour qu'elle l'apprécie. C'était le type d'hypersensibilité qui allait lui gâcher la vie pour les mois à venir, elle en était presque certaine.

Le film tirant sur sa fin, et bien que l'adolescente était habituellement du genre à rester dans la salle en attendant que tout le monde parte, cette fois-ci elle se leva d'un mouvement rapide, sec, comme si elle était pressée de partir. Et il faut dire, elle l'était. Elle se sentait étrangement oppressée, et était impatiente de quitter les lieux. Attrapant son sac qui gisait au sol, elle se redressa ensuite et...
You gotta be really fucking kidding me.
Son regard venait de croiser celui de quelqu'un qu'elle connaissait bien, et qui visiblement l'avait également repéré. Ca faisait maintenant un mois qu'elles n'avaient plus parlé, et si elle avait pu l'apercevoir dans la foule du Blue Note l'autre soir, elle avait préféré soigneusement l'éviter après ça. Pas qu'elle ait eu beaucoup d'efforts à faire pour ça, d'ailleurs, mais les mots qu'elle lui avait dit le soir du bal, ces dernières paroles avaient tournées un long moment dans son esprit sans faire sens. Et lorsque ça en faisait, la seule chose qu'elle parvenait à se dire, c'est que ce n'était pas vraiment possible. Alors elle ne voyait pas quoi penser d'autre, et elle avait préféré l'éviter. Elle n'était pas courageuse pour deux sous, la gosse. Même si, lorsqu'elle avait chanté sur scène l'autre soir, en la voyant dans la foule, lui tournant le dos, elle n'avait pas pu empêcher son regard de revenir sans cesse à elle, comme si elle avait exercé une sorte de magnétisme sur son regard qu'elle avait préféré ignorer, comme s'il n'existait pas réellement et que ce n'était que pure coïncidence.
Alors quand elle croise ce regard, elle s'en détourne le plus rapidement possible, et elle prend ses jambes à son cou presque, se retournant d'un geste vif et quittant la salle d'un pas rapide, le cœur serré par le film, et un peu peut-être par les mots qui lui reviennent en tête. Et puis le reste. Elle est la première à pousser la porte pour sortir, et elle prend une longue inspiration d'air incroyablement chaud par rapport à l'intérieur. La chaleur lui brûle la peau, et ses yeux se plissent à la lumière qui l'agresse. Elle se pousse sur le côté en s'éloignant un peu, pour ne pas bloquer la sortie, et respire profondément.

Elle sortit un paquet de cigarettes de son sac. Habituellement, elle ne fumait qu'en soirée, et n'avait d'ailleurs même pas de paquet avec elle, mais depuis son retour d'Ecosse elle avait commencé à avoir une consommation plus régulière. La savoir avec un paquet sur elle était le moyen le plus sûr de savoir que quelque chose ne tournait pas bien rond dans sa vie, d'ailleurs. Elle sortit son briquet, et l'alluma d'un geste rapide. Ou plutôt elle essaya. Une fois. Deux fois. Trois fois. Au bout de la dixième fois, elle lâcha un juron en jetant le briquet par terre avec colère (accompagné d'un « Fuck it. ») et se tourna pour observer autour d'elle. Il devait bien y avoir d'autres fumeurs à la sortie du cinéma.
You gotta be really fucking kidding me.
Ah. Oui. Evidemment. Rafael était là, avec sa cigarette, alors que les dernières personnes sortaient encore, les séparant l'une de l'autre. Et c'était la seule. Anaëlle hésita longuement entre se pendre et aller demander à son enseignante qui ne l'était plus pour le moment du feu. Elle se mordit la lèvre, puis leva les yeux au ciel et après un grognement, elle s'avança vers la femme, tenta de recomposer un masque de calme apparent, et l'aborda avec un léger sourire qui somme toute aurait pu convaincre quelqu'un ne lui ayant jamais parlé.
« Bonjour, pourrais-je vous demander du feu ? » Elle avait levé les yeux sur elle, quelques secondes, alors que les mots prononcés dans un français à l'accent assez peu maîtrisé sortaient d'entre ses lèvres. « Je crois que vous êtes condamnées à toujours m'en tendre. » Elle lâcha un souffle presque amusé.
Elle glissa sa cigarette entre ses lèvres, le visage légèrement baissé alors qu'elle avait levé son regard sur la blonde, attendant de voir si une fois encore elle lui accorderait cette faveur de lui offrir la flamme qu'elle réclamait.



Dernière édition par Anaëlle Prescott le Mar 20 Aoû - 10:59, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyJeu 15 Aoû - 14:43

    Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes
    RAFAEL & ANAËLLE

    .ReedNight

    J’eus ce moment de... flottement. Comme si je m’interrogeais. Étais-je en train d’halluciner, intoxiquée, et plongée dans l’atmosphère du film pseudo romantico-dépressif, ou bien étais-ce vraiment son visage, à cette gamine, que je voyais là, deux rangs plus loin. Me faisais-je des idées, ou bien étais-ce elle qui fuyait la salle comme une voleuse, sortant la première, son sac rebondissant contre sa hanche, et les premiers rayons du soleil faisant briller sa crinière brune. ... Je secouais la tête, passant une main sur mon visage. J’espérais que j’hallucinais. Revenue sur terre par la force d’un corps qui poussait le mien, je laissais aller mes pieds, pour m’extraire à mon tour de cette salle déprimante. Des visages vieux, des visages fatigués, des visages inconnus qui m’entouraient, et me réconfortaient.
    Le soleil m’agressa, et je battis des cils, comme un rempart. Plongeant la main dans mon sac, je sortis mes lunettes de soleil, que je passais dans mes cheveux, qui avaient recommencé à pousser, gagnant quelques centimètres, et me penchais légèrement en avant, perchée sur mes habituels talons, pour allumer ma cigarette à la flamme de mon briquet. Je passais une main sur ma robe mauve, ôtant de mes épaules ma veste noire, que je déposais sur mon bras, par dessus la lanière de mon sac, et prit ma cigarette entre mes doigts, recrachant la fumée en relevant la tête. Le soleil m’aveugla quelques secondes, et je fermais les paupières, inspirant doucement, tandis que la nicotine s’infiltrait sous ma peau. J’avais envie de rester ainsi, la tête levée, nuque brisée, juste à laisser le soleil caresser ma peau, mes bras nus, réchauffer doucement mon être glacé. Oui. J’aurais pu rester ainsi des heures, jusqu’à ce que le soleil disparaisse derrière les nuages et qu’une brise vienne me faire frémir. Ça aurait été bien. «Bonjour, pourrais-je vous demander du feu ?» La petite voix de l’adolescente me tira de ma rêverie, et je rouvris les yeux tout en baissant la tête, l’abaissant jusqu’à croiser le regard bleu de la jeune fille. Grand dieu, elle n’avait pas chanté ! C’était déjà cela ! Je battis des cils, songeant que mes souvenirs de cours de français s’étaient perdus à jamais dans ma mémoire trouble (bien que le mot fire avait ressurgit, comme un diable hors de sa boîte) : ou bien peut-être étais-ce cet abominable accent english qui faussait toute la compréhension. Je baissais les yeux vers sa cigarette. Maudite que nous étions.

    «Je crois que vous êtes condamnée à toujours m’en tendre.» Je laissais échapper un léger sourire, presque amusé (pas réellement, toutefois), et ouvrit mon sac, plongeant la main dedans à la recherche de mon paquet de cigarette. «Un jour, je vous offrirai un briquet.» Mes doigts frôlèrent le fond de mon sac, et je ne sentis pas les angles pointus du paquet. J’aurais pu retirer ma veste de mon bras, et ouvrir le sac en grand afin d’y jeter un coup d’oeil. Oui. J’aurais pu.
    «Désolée...» Je me penchais en avant, posant mon doigt sous la cigarette de l’adolescente, et m’approchais, m’approchais encore, jusqu’à ce que le bout de ma propre cigarette vienne heurter la sienne. Je dû m’y reprendre à deux fois, mais le bout de sa clope finit par rougeoyer, par grésiller, et je la vis inspirer pour avaler sa première bouffée. Au même instant, mes doigts effleurèrent la surface lisse et froide de mon paquet, que je laissais retomber au fond de mon sac, avant d’en sortir ma main.
    Mes talons frappèrent le pavé alors que je me reculais, et j’écartais ma cigarette de mes lèvres, pour recracher la fumée, tête levée vers le ciel bleu.
    «Je ne savais pas que vous aimiez ce genre de festival.» Quelque part, je ne savais pas non plus grand chose sur la jeune fille. «Quoique. Ça ne devrait pas me surprendre.» Mais qu’est-ce qui ne devrait pas me surprendre ? La voir ici, ou la voir ici ? Meaning, sur mes talons, dans les parages, jamais loin ? «Vous êtes... une surprise constante.» Ça avait presque un intérêt.
    Je laissais tomber ma cigarette à terre, et me tournais vers l’entrée du cinéma, pour regarder la suite du programme. «Je pense que je vais me limiter aux Parapluies de Cherbourg» Une (mauvaise ?) surprise avait suffit. Pas la peine de tenter le diable, vous savez ce que l’on dit à ce sujet.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyVen 16 Aoû - 11:27



Un non, c'est comme un oui, mais avec des lettres différentes
« It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves. »

Oh, elle en avait un de briquet, il gisait juste au sol un peu plus loin, mort de vieillesse. Paix à son âme.
Ceci dit, Anaëlle, dont ce terrible meurtre commis en pleine rue pesait sur la conscience, avait actuellement besoin de feu et ne pouvait guère se permettre le luxe d'attendre que son enseignante lui offre un briquet, bien qu'elle lui répondit par un sourire à cette remarque. Toujours un pauvre sourire, mais c'était mieux que rien. Elle l'observa fouiller dans son sac sans trop d'insistance, attendant avec une patience toute relative de la voir sortir de cet objet féminin magique ce dont elle avait besoin, le tout en se remémorant de l'une de leur conversation où elle avait élucubré au sujet des sac à main et de leur capacité à contenir la moitié de la maison d'une femme. Mais aujourd'hui elle maudissait cette capacité des plus déroutantes, commençant à tapoter du pied sur le sol, donnant l'impression qu'elle avait bu des litres de café avant de venir. Quoique si la brune devait consommer autant de cette boisson aux pouvoirs excitants, nul doute que le résultat serait bien pire que ça.
Et à dire vrai, elle avait essayé une fois de boire du café. Pas simplement une tasse, non, mais d'en consommer aux mêmes horaires que son frère, juste pour voir ce que ça donnait, ce qu'il faisait subir à son corps plus précisément. L'expérience avait duré trois jours durant lesquels elle n'avait pas fermé l'oeil durant ce même temps, provoquant chez elle une sorte d'hystérie des plus étranges, donnant l'impression de faire face à une sorte de savant fou, les yeux exorbités et les cheveux en bataille (enfin, encore plus qu'habituellement), et ne parvenant pas à arrêter les idées de fuser dans sa tête à une vitesse des plus impressionnantes, parlant toute seule pour dire des choses n'ayant pas de sens pour les pauvres mortels que nous sommes. Une expérience assez traumatisante pour son entourage qui l'empêche depuis d'approcher de la boisson maudite.

Finalement, elle ne trouva pas son briquet, et elle choisit une autre option qui surprit légèrement l'adolescente. Elle se pencha en avant et, d'un doigt expert, elle releva la cigarette, venant la positionner face à la sienne pour qu'elles se touchent et que l'incandescence de la première se propage à la seconde. Il fallut faire quelques efforts pour y parvenir, Anaëlle se concentrant sur sa cigarette pour l'allumer, avant de lever son regard sur Rafael lorsque ce fut fait, l'espace d'une seconde pour finalement détourner les yeux et recracher la fumée blanche qui s'éleva vers le ciel. Elle se sentit presque instantanément mieux, plus détendue, plus calme, bien qu'elle était toujours agité au final, et que ce répit ne serait que de courte durée. « Merci. » Le mot fut prononcé rapidement, et assez faiblement, juste avant qu'Anaëlle ne tire une nouvelle fois sur la cigarette et que son ancienne professeure ne fasse remarquer son absence de connaissance à son sujet.
La brune se contenta de répondre par un simple haussement d'épaule, comme si ça n'était pas important. Et ça ne l'était pas. Pour sa part, elle ne s'attendait pas à voir la femme non plus, mais d'un autre côté, ça ne l'étonnait pas vraiment. C'était de son âge, ce genre de choses. Non ? Néanmoins un sourire en coin apparu sur ses lèvres lorsqu'elle évoqua la constance de la surprise.
« Je ne sais pas si c'est vraiment un compliment, mais je vais le prendre comme tel. »
Anaëlle lut à son tour rapidement la suite du programme. Haute Cuisine. Ca ne lui parlait pas plus que ça, très sincèrement. Elle leva les yeux sur Rafael et hocha doucement la tête. C'était une bonne idée. Et puis de toute façon, elle avait d'autres plans pour ce soir, Anaëlle.

« Étonnamment, je suis de votre avis. Ce film était déjà... » Elle hésita un court instant sur le terme, en jetant ce qui restait de ce qui fut un jour une cigarette, et poursuivit. « Horrible. » Elle exagérait peut-être un peu, mais elle n'avait pas vraiment été en mesure de l'apprécier pleinement, très sincèrement. Ceci dit, elle passa une main un peu nerveuse dans ses cheveux pour les ramener en arrière.
« Je pense qu'il y a d'autres choses plus intéressantes à faire aujourd'hui. D'ailleurs, c'est ce soir que la pluie de météorite sera la plus visible. Et importante. En même temps c'est Perséides. Mais j'imagine que vus devez déjà le savoir. Après tout c'est de l'astrophysique. En quelque sorte. Et vous êtes professeur de physique. Il est très probable que vous allez même sortir un peu de la ville pour aller les voir. J'aimerai bien y aller. Vous pensez qu'on pourrait y aller ensemble ? Comme j'ai pas le permis, ça m'arrangerait. Quoique, vous l'avez peut-être pas aussi. C'est difficile à passer mine de rien. Et puis c'est dangereux en plus. C'est ennuyeux de conduire il faut dire. Surtout quand il fait chaud. Mais les glaces c'est pas ennuyeux. »

Elle marqua une pause suite à cette révélation, qui avait eu lieu à une vitesse des plus impressionnante et laissant le temps à la blonde d'enregistrer ce qu'elle avait dit, penchant la tête sur le côté en fixant un point sur le sol.
« J'ai envie d'une glace. Vous voulez une glace ? »
Elle avait redressé sa tête, et regardait maintenant Rafael.



Dernière édition par Anaëlle Prescott le Mar 20 Aoû - 10:58, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyVen 16 Aoû - 21:03

    Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes
    RAFAEL & ANAËLLE

    .ReedNight

    «Merci.» Et ça ne semblait pas lui avoir arraché la bouche : j’en aurais presque été étonnée (une fois encore, à croire que cette journée n’était qu’étonnement), mais comme vous l’aurez compris, j’avais eu mon lot de surprise pour la journée. J’appréciais, néanmoins. Autant que je pouvais apprécier.
    «Je ne sais pas si c’est vraiment un compliment, mais je vais le prendre comme tel.» Mes lèvres s’agitèrent un peu, comme tordues en un sourire : oui, s’en était un. Mais il était difficile de complimenter Anaëlle. Je veux dire... de la complimenter bien : elle était tellement... complexe. Elle était tellement... tellement trop de chose. C’était une gamine égoïste, boudeuse et capricieuse, mais du genre que l’on appréciait malgré sa mine renfrognée lorsqu’elle n’obtenait pas ce qu’elle souhaitait. Elle n’était pas intelligente, elle n’était pas brillante, elle était encore au dessus de cela, et les mots venaient à manquer pour décrire ce qu’elle était vraiment. Alors, oui, c’était un compliment, une sorte de compliment, et c’était sans doute tout ce que j’aurais à lui offrir, parce que les mots manquaient pour complimenter la jeune femme (les mots et l’envie, aurais-je envie d’ajouter), parce qu’elle était... trop. trop de choses.
    «Étonnamment, je suis de votre avis. Ce film était déjà...horrible.» Je tire sur ma cigarette une autre bouffée, tout en l’observant à travers la fumée. Une imagine bien cinématographique digne des réalisateurs français. Je ne répondis rien. Je ne répondis rien, parce que je ne partageais pas son avis, mais c’était pour d’autres raisons, des raisons qui ne regardaient que moi, et que je ne lui avouerai jamais, parce que ce n’était pas ses oignons et que de toute façon ce n’était qu’une sale peste égocentrique et qu’elle me tapait sur les nerfs. ... J’inspirais doucement, avalais la fumée que je venais de recracher. Une autre bouffée de nicotine acheva d’apaiser mes nerfs, et je retombais dans la flegme habituelle, toute trace de ce petit éclair de folie dans le regard ayant.. disparu avec la fumée, que je recrachais inlassablement. Ça ne la regardait pas. Elle avait le droit de ne pas aimer. J’allumais une autre cigarette.

    «Je pense qu’il y a d’autres choses plus intéressantes à faire aujourd’hui. D’ailleurs, c’est ce soir que la pluie de météorite sera la plus visible. Et importante. En même temps c’est Perséides. Mais j’imagine que vus devez déjà le savoir. Après tout c’est de l’astrophysique.» Je la regardais sans plus vraiment la voir, paumée dans mes pensées. J’écoutais à peine ce qu’elle disait, plus d’une oreille distraite qu’autre chose, perturbée par mes pensées. Ses mots heurtaient mes oreilles, je percevais des sons, comme si j’étais plongée sous l’eau, et qu’elle tentait de me parler alors que j’avais les oreilles pleines de flotte. Je nage dans l’eau. «...sortir un peu de la ville pour aller les voir. J’aimerai bien y aller. Vous pensez qu’on pourrait y aller ensemble ?» Je haussais les sourcils, doucement, d’un mouvement que je tentais de masquer rapidement, surprise par la remarque : moi qui pensais que j’avais eu mon lot pour la journée.. «Quoique, vous l’avez peut-être pas aussi. C’est difficile à passer mine de rien. Et puis c’est dangereux en plus.» Oui, surtout au Royaume-Uni, où ils roulaient de l’autre côté de la route, ces malades. Un jour, j’étais allée en vacances à Londres (c’est amusant d’ailleurs comme les Américains ont tendance à résumer le Royaume-Uni à Londres, et l’Europe à Paris), avec mes parents adoptifs, et... j’avais détesté ça. J’avais détesté chaque seconde passée sur le continent Européen, chaque minute de ma vie gâchée en Angleterre. J’avais détesté le temps (j’aurais encore préféré qu’il pleuve des cordes toute la journée), l’accent, la nourriture, le paysage, le bruit de mes pas sur le sol, le bruit des appareils photos, la Tamise, la Tour de Londres, tout, tout, tout, jusqu’aux animaux et aux oiseaux que j’y avais croisé. J’avais détesté chaque personne sur laquelle j’avais posé le regard. J’avais tout détesté de l’Angleterre. Leur manière de conduire, évidemment. «Vous voulez une glace ?»

    Je battis des cils à deux reprises, et secouais la tête, consciente que j’avais dû manquer une longue, longue partie de la conversation, puisque je ne voyais pas le rapport entre la pluie de météorite et les glaces. Sans doute dans l’esprit d’Anaëlle y avait-il un lien bien établi, mais je n’étais pas dans la tête d’Anaëlle (fort heureusement, ça semblait plutôt lugubre et étrange là bas).
«J’avais oublié que c’était ce soir...» soufflais-je d’une petite voix, en recrachant la fumée de ma cigarette, cigarette que je finis par jeter, de nouveau, sur le pavé, et écraser du bout de ma chaussure. «J’avais... d’autres plans à vrai dire.» Des choses d’adultes. Aller déposer des fleurs sur la tombe de mon père et vider une bouteille de vodka mélangée à de la glace au chocolat de chez Ben & Jerry’s devant la télévision, un film que je ne regarderais que pour critiquer à voix haute et brisée les dialogues pathétiques. Sans doute une comédie à l’eau de rose, c’était les plus aptes à fournir matière à critiquer.
    Et puis, je levais les yeux vers la jeune femme. Son visage jeune, son visage insouciant, qui semblait pourtant porter la marque d’un chagrin. D’un chagrin dissimulé, d’un chagrin refoulé. Les similitudes de ses traits et de mes traits le matin dans la glace me frappèrent, et me retournèrent l’estomac. Ça m’enserra la gorge. J’eus envie de tendre les bras vers elle pour la serrer contre moi. Bien évidemment, je n’en fis rien.
    «Venez. Je vous offre une glace.» Et peut-être lui demanderais-je où elle avait envie de se rendre pour regarder la pluie de météorites. Peut-être, oui.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptySam 17 Aoû - 11:48



Un non, c'est comme un oui, mais avec des lettres différentes
« It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves. »

Il n'était en effet pas simple de suivre l'adolescente, surtout quand elle commençait à suivre le fil conducteur de ses pensées les plus en surface. Et encore, c'était sans doute toujours moins emmêlé que celles sous-jacentes. C'était sans doute pour ça d'ailleurs qu'elle ne partageait que rarement ses pensées avec les autres, parce qu'elle savait que si elle le faisait, ils la regarderaient simplement avec des yeux grand ouvert d'étonnement, sans avoir réellement compris tout ce qu'elle avait alors pu dire. Ainsi, Anaëlle aurait tout à fait été en mesure d'expliquer le rapprochement qu'elle avait fait entre une pluie de météorite et une glace, qui ne se limitait pas au simple fil de l'espèce de monologue qu'elle avait pu avoir mais était également présent plus profondément dans son esprit. Même si ce n'était pas non plus sa pensée la plus intéressante dans sa tête de petit singe savant, comme Rafael aimait la surnommer.
Ceci dit, l'adolescente attendit une réponse à sa question. Ou plutôt des réponses à ses questions. Et ça ne tarda pas à arriver. Elle ne s'en souvenait plus. Ce n'était pas vraiment si étonnant que ça, quand on commençait un peu à connaître la femme. Néanmoins Anaëlle battit des cils et haussa les sourcils en entendant qu'elle avait d'autres plans de prévus. Etrangement, la première chose qui lui vint en tête fut une sortie dans des bars suivit d'une virée chez un ou une quelconque inconnue. Puis elle se dit que non, si elle prévoyait vraiment ça, elle n'aurait probablement pas choisi ces mots, ses sourcils redescendant pour se froncer très légèrement, avant de reprendre une expression neutre en retenant un soupir un peu déçu. Ca lui aurait changé les idées de passer la soirée en compagnie de quelqu'un qu'elle n'avait pas vraiment l'habitude de voir, loin de la ville et de ses lumières, de son agitation. Elle tenta de dissimuler sa déception en détournant le regard ailleurs, croisant les bras sur sa poitrine comme si ça aurait pu changer quoi que ce soit. Sa gorge se serra légèrement, alors qu'au final ce n'était pas bien grave, et elle détestait la sensiblerie dont elle faisait preuve. Elle avala sa salive pour répondre doucement, un peu dans sa barbe.
« Sure, I understand. »
Elle joua du bout du pied avec le mégot qu'elle avait jeté par terre à peine plus tôt, se disant que du coup elle ferait mieux de partir, songeant que les précédentes paroles devaient aussi valoir pour la glace. Elle releva donc son visage vers Rafael pour annoncer qu'elle allait y aller, et qu'elle la remercier encore pour le feu quand celle-ci la devança, annonçant qu'elle lui offrait une glace.

Ses yeux s'éclairèrent de surprise, puis de joie même un peu atténué par ce qu'elle ressentait en fond, et on se serait presque attendu à la voir sautiller sur place, un sourire naissant également sur son visage. Parfois il en fallait bien peu pour contenter l'adolescente. Surtout les rares fois où elle proposait elle-même d'aller manger quelque chose. C'était un phénomène assez rare pour être souligné, tout de même. En général, c'était plutôt son frère qui avait à subir ses envies intempestives de nourriture, parfois à des heures assez indues de la nuit, ce qui, étant donné l'appétit du jeune homme, n'était pas réellement une gêne. C'est ainsi qu'il n'était pas rare de retrouver les deux jeunes dans un magasin de nuit à chercher telle paquet de chips d'un certain goût, et s'ils n'en avaient pas, ils tentaient le suivant jusqu'à trouver ce qu'ils voulaient. Bien que l'avantage de vivre dans une grande ville était qu'ils n'avaient pas forcément à chercher très longtemps.
« Yes ! Allons-y alors ! »
Elle passa d'autorité son bras sous celui de Rafael afin de l'entraîner à sa suite. Si elle avait su dans quoi elle s'embarquait, sans doute aurait-ele refusé d'office, mais maintenant qu'elle avait accepté, c'était trop tard.

Anaëlle avait bien vite lâché le bras de l'enseignante, ceci dit pour des raisons évidentes, avançant en quête d'un glacier en regardant autour d'elle. A vrai dire, il n'était pas nécessaire pour elle d'observer partout comme ça dans la mesure où elle était passée dans ces rues un peu plus tôt et savait ce qu'elle allait y trouver, mais c'était plus par habitude qu'autre chose. Un léger silence s'installa avant qu'Anaëlle ne se décide à le briser rapidement.
« So... Comment se passent vos vacances ? En dehors des interrogatoires de la police pour une disparition, bien sûr. »
Elle faisait bien évidemment référence à l'autre soir, au Blue Note. Car même si elle ne s'étaient pas parlé, Anaëlle n'était pas assez stupide pour penser que, peut-être, ça aurait pu échapper à sa professeur que l'adolescente était monté sur scène.  Elle savait donc forcément qu'elle était là. Ce qu'elle ne savait pas, c'était qu'elle l'avait vu. Même si maintenant elle était bel et bien au courant.



Dernière édition par Anaëlle Prescott le Mar 20 Aoû - 10:57, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyLun 19 Aoû - 22:07

    Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes
    RAFAEL & ANAËLLE

    .ReedNight

    «Sure, I understand.» Elle avait l’air... d’une petite bête fragile. D’une boule blanche adorable qui couinait de peur ou de tristesse, et qui semblait réclamer attention, tendresse et caresses. D’une petite boule de poil blessée. Hargneuse. Mauvaise. Elle avait l’air... tellement de choses à la fois qu’il n’était pas aisé de savoir sur quel pied danser avec elle (gauche droite, gauche droite). Je baissais les yeux en la voyant achever (littéralement) le mégot de sa cigarette du pied, telle une gamine monstrueuse qui jouerait avec une loupe en pleine après-midi d’août au dessus d’une fourmilière. Et elle me fit de la peine. J’eus envie (l’espace d’un instant, sans doute les relents du film, et la fumée de la cigarette qui me montait à la tête) de la prendre dans mes bras, de poser sa tête contre mon coeur, et de caresser ses longs cheveux bruns. J’en eus envie, juste une seconde, juste le temps de recracher la fumée de ma cigarette, et alors je fis quelque chose de sans doute plus stupide encore que la serrer dans mes bras : je lui proposais une glace.
    L’expression que je pus lire dans son regard me fit à la fois peur, et me réchauffa doucement. Comme si j’avais l’impression de faire quelque chose de bien, pour une fois (ce qui était plutôt rare, j’en conviens. nous en conviendrons. vous en conviendrez). Je regrettais un peu (juste un peu) ma décision hâtive, non réfléchie (comme à mon habitude), et finis par hausser les épaules, devant l’apparente joie de la jeune fille. «Yes ! Allons-y alors !» Et je la laissais faire. Je la laissais prendre mon bras, je la laissais me traîner en avant, je la laissais me guider, je la laissais... exploser, imploser, je la laissais faire, l’observant du coin de l’oeil, observant son sourire naissant, son profil frêle. Observant la lueur qui brillait dans son regard. Elle était bien étrange, Anaëlle. Plus que d’habitude.

    «So...» Nous étions en train de marcher. De marcher sans parler, ce qui me convenait très bien. Je ne comprenais d’ailleurs pas le besoin qu’avaient la plupart des êtres humains de parler, tout le temps, à chaque instant, comme s’ils ne pouvaient pas supporter le silence, supporter un peu de silence. Ils parlaient en marchant, ils téléphonaient, envoyaient des sms, écoutaient de la musique : tout pour briser le silence, un silence qui semblait leur peser. Parfois, j’avais juste envie de les attraper par le col, et de leur cracher à la figure (et peu importe si c’est too mainstream) un bon vieux «Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, ferme ta putain de gueule et avale ta putain de langue !». Les humains me désespéraient. Fin de la parenthèse. So... «Comment se passent vos vacances ? En dehors des interrogatoires de la police pour une disparition, bien sûr.» Je n’arquais pas mon sourcils. Mes sourcils. Je n’ouvris pas la bouche, ne lui demandait pas «comment vous savez ?» : après tout, elle y était, elle aussi. Sans doute m’avait-elle vu. Certainement qu’elle m’y avait vu. J’avalais doucement ma salive, et haussait les épaules. «Je fais des choses...» Sortir. Boire. Fumer. Autant de flashs lumineux qui me reviennent en mémoire. Bruits de pas, bruits de corps, bruits de basses, bruits de verres, bruits de liquides, qui coulent. Sourdine. «Et d’autres...» Baiser. Fumer encore. Manger de la glace. Regarder des films. Envoyer des sms à Noah. Baiser. Dormir. Dormir, beaucoup.
    «Et vous ? À part entraîner vos talents cachés ?» C’est qu’il fallait bien l’admettre, elle ne chantait pas trop mal (disons qu’il y avait eu pire, une rouquine par exemple, qui ne tenait pas très bien sur ses jambes). «Vous êtes retournée en Écosse j’imagine.» Teint pâle, regard vitreux, c’était le signe d’une purge dans les Highlands ça ! (je plaisante, je plaisante, je suis amie avec les Écossais, j’ai un badge !) Elle avait donc attrapé le taureau par les cornes. Avait-elle fait son deuil de sa terre natale ? Étais-ce la raison de son humeur si... versatile ?

    «Ça vous tente ?» Je m’étais stoppée net, en pleine rue, et du bout du menton, j’avais désigné la devanture d’un glacier (pseudo glacier ?) dissimulée entre un bric à brac et une vieille porte d’immeuble. Le nom m’était parfaitement inconnu. Si ça se trouve, j’hallucinais. Je levais la tête, pour observer le reste de la rue : je n’reconnaissais même pas les bâtiments : il y avait visiblement trop longtemps que je n’étais pas sortie de ma grotte, de ma caverne, pour partir explorer la ville qui s’ouvrait pourtant à moi. (Il faut dire que de jour et de nuit, c’était une toute autre affaire, une toute autre ambiance, et une toute autre atmosphère) : à croire que les murs se déplaçaient, une fois le soleil couché...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyMar 20 Aoû - 10:48



Un non, c'est comme un oui, mais avec des lettres différentes
« It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves. »

La réponse de l'enseignante se révéla des plus évasives. Ce qui pouvait se comprendre. On avait pas toujours envie de partager ce genre de choses avec son élève, encore plus lorsqu'il s'agissait d'une vie de débauche. Et très sincèrement, Anaëlle n'avait pas particulièrement envie d'apprendre qu'elle passait ses vacances à boire et se faire baiser. Entre autre. Elle n'était pas particulièrement d'humeur à ça, il est fort probable que si elle avait su, elle aurait haussé un sourcil, secoué la tête et poussé un soupir méprisant. Mais ce n'était pas forcément une bonne idée, pour l'une comme pour l'autre, et donc l'adolescente se contenterait sans doute de cette réponse. Même si techniquement parlant, Rafael faisait ce qu'elle voulait de son corps, et elle n'avait rien à y redire, et ça ne la regardait pas, et donc, peu importait.
Et puis elle lui demanda à son tour ce qu'elle avait fait au cours de ces vacances, en dehors de chanter sur scène, l'adolescente faisant un très léger sourire à cette remarque, prenant note du compliment bien déguisé sous cette question des plus intéressantes, à laquelle la brune se ferait sans doute un plaisir de répondre. Ou du moins se serait fait un plaisir de répondre si un autre sujet n'avait pas été amené sur le tapis. L'Ecosse. La jeune femme se figea un instant en arrêtant d'avancer, jetant un coup d'oeil à Rafael en fronçant brièvement les sourcils, avant de se reprendre rapidement comme si de rien était. Elle réfléchit à sa réponse, sans doute pas de la façon la plus naturelle qui soit dans on sait qu'un simple « oui » aurait tout à fait pu faire l'affaire. Quoiqu'Anaëlle n'était pas vraiment une adepte des réponses courtes, ça aurait donc pu être un signe assez inquiétant. Elle cherchait donc un moyen de paraître naturelle, sans être trop touchée par la question, ce qui n'était pas facile, car à peine le nom de son pays l'avait frappé, elle avait pu revoir rapidement tout le déroulement de ses vacances là-bas, et puis ce qui en avait découlé.

Finalement, elle prit une profonde inspiration et elle se racla la gorge pour que sa voix ne la trahisse pas en partant dans des tons un peu trop aiguë, voire trop grave. Il n'était pas nécessaire qu'elle fasse montre de l'ascenseur émotionnel qui semblait ne plus savoir s'arrêter aux étages intermédiaires entre joie et tristesse. Elle hocha simplement la tête lorsque le glacier se présenta,, accompagné d'un « Je suppose que ça fera l'affaire. » des plus convaincant.
Finalement, elle resta un instant silencieuse sans répondre à la question, puis elle se décida à offrir une réponse à la femme avant d'arriver devant la devanture du petit stand, se demandant rapidement s'il était réellement légal pour lui de se mettre ici. Mais bon, ce n'était pas la question. Puis si ça leur semblait trop louche, elles pourraient toujours aller ailleurs. Avec la température qu'il faisait, ce n'était pas les glaciers qui manquaient, loin de là.

« Oui, je suis bien retournée en Ecosse, dix jours, à la mi-juillet. » A peu près. Elle n'était pas tout à fait resté dix jours si on comptait les trajets, plutôt neuf. Mais elle avait eu le temps d'en faire des choses. A dire vrai, il y avait peut-être juste une chose qu'elle regrettait vis à vis de ce séjour, en dehors du fait que ça l'avait conduite à rompre avec Kathleen. « Mais je n'ai pas eu le temps de faire tout ce que je voulais. Même si je crois que je n'aurais pas pu rester plus longtemps... » Trop de choses qu'elle avait perdu, trop de souvenirs liés à cet endroit qui étaient encore trop vifs, même après un an et demi passée loin de là. Et l'impression de ne plus appartenir à ce monde urbain si différent de celui qu'elle connaissait ici, aussi. « J'aurais voulu aller à notre maison de vacances, notamment. » Un petit paradis, perdu dans la nature Ecossaise, qui se trouvait coincé entre des flancs de collines, créant là-bas un climat bien particulier, souvent pluvieux d'ailleurs, ce qui n'était pas pratique dans une zone marécageuse, mais... Anaëlle avait toujours trouvé cet endroit magique, étrangement. Peut-être à cause des histoires qui se racontaient dans le village à côté, dont les mythes et légendes avaient en partie bercé son enfance, même si elle les avait toujours trouvé ridicules.
Elle était parvenu à contrôler assez bien sa voix, même s'il fallait avouer qu'elle restait un peu faible, à cause d'une boule qui s'était glissée dans sa gorge alors qu'elle évoquait son voyage. Alors elle préféra passer à autre chose.
« Sinon j'ai commencé à monter un moteur ionique dans mon garage. Je crois que je vais devoir dévier le circuit électrique des voisins si je veux pas faire sauter le circuit électrique de la maison à chaque fois. Ou trouver une autre source d'énergie. Hum... »
Une fois le sujet changé, elle semblait moins misérable, ceci dit. Quand bien même le sujet en question n'était pas des plus classiques, et laissait à penser qu'elle était en train de plaisanter. Et qu'elle évoquait au passage une pratique des plus illégales, qui provoquerait le désespoir de nombreuses personnes. Mais elle devait faire ça au moins le temps de faire fonctionner la chose, après elle tenterait éventuellement de trouver une autre source d'alimentation, mais ça serait difficile d'obtenir quelque chose d'aussi puissant rapidement, et ça demanderait donc un temps de charge. Ca ne serait pas évident, en d'autres termes.

Elles s'arrêtèrent devant le glacier, et Anaëlle regarda mécaniquement les parfums, cherchant celui qu'elle voulait. Par chance, il l'avait. Elle releva les yeux vers l'homme derrière le stand et lança un regard à Rafael, interrogatif, pour qu'elle commande en première et qu'elle s'aligne sur le nombre de boules de glace. Puis son regard revint sur le glacier, et elle se demanda rapidement ce qu'il pouvait voir en elles. Il ne devait probablement pas se poser la question, elles ne devaient être que des clientes, mais la différence d'âge entre elles était évidente. Alors... Qu'est-ce qu'elles pouvaient représenter ? L'image du bal s'imposa un instant à son esprit, puis elle l'écarta rapidement. Elles devaient représenter tout sauf ça, quoi que ça puisse être. Elle se contenta donc de donner son parfum de glace.
« Blueberry and strawberry. Please. »

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyVen 23 Aoû - 18:53

    Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes
    RAFAEL & ANAËLLE

    .ReedNight

    «Oui, je suis bien retournée en Ecosse, dix jours, à la mi-juillet» Il manquait... de l’émotion, dans sa voix. Elle était.. trop neutre. Trop sérieuse. Étrange, presque. J’aurais pu fermer les yeux, et sentir encore la bouffée de bonheur qui me prenait lorsque je pénétrais dans l’avion qui me ramenait d’Orlando chez moi, et que je savais que mon père m’attendrait à l’aéroport. C’était un de ces souvenirs qui me collait à la peau, et que je n’pouvais tout bonnement pas oublier, quand bien même j’aurais beau boire jusqu’à en oublier mon adresse. Je me souvenais des étoiles dans les yeux lorsque je quittais cette ville, et que je rentrais chez moi. «Mais je n’ai pas eu le temps de faire tout ce que je voulais. Même si je crois que je n’aurais pas pu rester plus longtemps...» Je pinçais doucement mes lèvres, tout en continuant à avancer dans la rue. Le soleil réchauffait doucement mes bras, et m’éblouissait toujours un peu. Il y avait définitivement quelque chose dans sa voix... «J’aurais voulu aller à notre maison de vacances, notamment.» Je hochais délicatement la tête. Je me trouvais... bien conciliante, aujourd’hui. Bien... attentive. Ce n’était pas bien courant, vous vous en doutez ! A croire qu’il fallait attendre les vacances pour que je devienne un bon professeur. Ô sweet irony.
    «Sinon j’ai commencé à monter un moteur ionique dans mon garage. Je crois que je vais devoir dévier le circuit électrique des voisins si je veux pas faire sauter le circuit électrique de la maison à chaque fois. Ou trouver une autre source d’énergie. Hum...» Je battis des cils, observant la jeune femme, me demandant si elle parlait sérieusement, ou non. Si quelqu’un d’autre qu’elle m’avait dit cela, j’aurais laissé échapper un sourire de courtoisie (ne trouvant pas ça absolument hilarant, mais il paraît que c’était une convention sociale que de sourire ou rire aux blagues des gens), mais... c’était Anaëlle Prescott dont on parlait, et si elle m’avait dit qu’elle tentait de faire une bombe H verte, j’aurais sans doute fini par la croire. «Moi aussi je voulais devenir astronaute quand j’étais petite.» Je devais avoir six ans, et je n’étais pas un petit génie (pas comme Anaëlle j’entends) cependant. J’étais persuadée qu’elle ne plaisantait pas. Et je laissais échapper un petit sourire amusé (finalement) que je dissimulais en pinçant les lèvres et tournant la tête, en l’imaginant se lever le dimanche matin, dans un pyjama digne des Sims, les cheveux en bataille, clef à molette à la main, faisant un vacarme à réveiller les morts dans son garage, qui ne devait plus abriter de voitures depuis longtemps, ayant sans aucun doute laissé place à son esprit inventif. Géo Trouvetou est Écossais.

    «Blueberry and strawberry. Please» Je laissais mes yeux courir sur l’écriteau, où les parfums avaient été écrit d’une main hâtive, à la craie blanche, sur la surface noire du tableau. Je passais mon pouce sur ma lèvre, laissant une légère marque colorée sur ma peau, en baissant les yeux pour observer les bacs de glace plus ou moins remplis, derrière la vitrine réfrigérée. Je finis par sentir le regard de l’homme sur mon visage baissé, devinant son attente, et ma main vint doucement retomber contre ma hanche. «Pêche, s’il vous plaît. Deux.» Je levais vaguement l’index et le majeur, pour accompagner d’un geste mes mots.
    Je restais silencieuse, à observer la cuillère à glace plonger dans les bacs, pour former de grosses boules (pas avare sur sa crème glacée le glacier), qu’il déposa dans un cornet (pour la myrtille et la fraise), et qu’il tassa dans un autre pour la pêche. Plantant deux petites cuillères dans chacune des commandes, il nous les tendit, avant d’en demander un prix bien modeste pour la taille de nos glaces. Je sortis un billet de mon portefeuille, étonnement adroite (la glace ne tomba pas à terre, non), et lui fis signe de garder le reste. Anaëlle sortit de la petite boutique la première, et je la suivis, quelques secondes plus tard. J’arrachais l’une des petites cuillère, et penchais un peu la tête, rattrapant de la langue une goutte de glace qui avait commencé à couler le long du cornet. C’était frais. Ça avait un goût de glace à la pêche. Ça n’avait pas de couleur orange chimique. C’était étonnant. Étonnement étonnant. «Je crois qu’il nous a mit deux cuillères pour que l’on puisse goûter à la glace de l’autre.» laissais-je échapper alors que je m’interrogeais sur la signification de cette seconde petite cuillère bleue transparente plantée dans ma boule à la pêche. Je pinçais les lèvres, et donnais un léger coup de langue sur la surface glacée, et ronde. «... Vous voulez goûter ?» Je n’étais pas le genre de personne qui aimait partager sa nourriture. Au restaurant, rien ne m’agaçait plus que les couples (je pourrais d’ailleurs m’arrêter là, ce serait également véridique...) qui passaient leur temps à piquer dans l’assiette de l’autre, minaudant toutes les deux minutes : chérie, je peux goûter tes pommes de terre ? mmm, c’est délicieux... je peux te piquer quelques carottes ? mmmmmm, c’trop bon ! Piss off !!, c’est des patates et des carottes, pas du LSD. Répugnant. Et pourtant, il parait que c’était une... «Convention sociale, d’après ce que l’on m’a dit.» Savoir partager. Pff.
    Je me laissais tomber sur une chaise (avec la grâce d’un cygne cela va de soi, obviously !), et croisais les jambes en rejetant la tête vers l’arrière. Je mordis doucement dans la glace. J’avais toujours adoré cette sensation de froid qui agressait mes dents.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyVen 23 Aoû - 19:59



Un non, c'est comme un oui, mais avec des lettres différentes
« It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves. »

Anaëlle resta interdite à la remarque de Rafael. Devenir astronaute hein. Intéressant. Il semblerait que ses plans aient bien changés, au final. Elle préféra ceci dit ne pas préciser que ce n'était pas pour aller dans l'espace qu'elle travaillait sur un tel projet, elle ne voulait pas briser la confidence qu'elle venait de recevoir, même si elle n'y réagit pas particulièrement non plus. Surtout qu'elle doutait un peu que son enseignante doive nécessairement savoir qu'elle tentait de construire le fameux hoverboard de Retour vers le futur, en un peu plus esthétique et performant bien sûr, raison pour laquelle elle s'était porté sur un moteur pouvant se recharger à l'énergie solaire, entre autre, cherchant une alternative au xenon pour le carburant. Et il devait bien y en avoir une, mais ça... Elle travaillait encore dessus. Non parce que c'est pas que ça coûtait cher ces choses là, mais un peu. Déjà que l'utilisation d’aérogel risquait de lui revenir cher... Quoiqu'avec l'invention de l'aérographite, elle allait peut-être revoir le matériaux de base. Enfin, elle avait encore un peu de temps pour y réfléchir, après tout, mais il est probable pour qu'elle opte pour le moins cher, vu que ses parents refusaient actuellement de financer son invention. Les radins.

La brune attendit de connaître le parfum choisi par la femme pour lui lancer un regard en coin. Pêche. Quelque part, ça ne l’étonnait pas, mais d'un autre côté, elle ne l'aurait sans doute jamais deviné non plus. Ce n'était pas le genre de parfum que les gens prenaient spontanément, comme tout le monde ne se penchait pas sur la myrtille et la fraise. D'ailleurs, elle avait beaucoup de chance que la production de myrtille aux Etats-Unis se révèle importante, elle n'aurait jamais survécu sans son parfum de glace préféré sinon.
Finalement, le glacier les servit généreusement, et l'adolescente se demanda brièvement où elle allait bien pouvoir mettre tout ça, dans son petit estomac rétrécit par des années passées à manger bien peu, et de manière tellement équilibrée. Les cornets remplis, il tendit les glaces à celles qui les avait demandé, puis réclama son dû. Anaëlle observa l'argent changer de main, attendant que cela soit fait pour toucher à son cornet. Ceci fait, elles quittèrent le lieu et s'installèrent dehors, sous la chaleur étouffante de la ville. Anaëlle empêcha la glace de couleur sur le côté d'un coup de langue rapide et des plus habiles, avant de considérer les paroles de la femme, puis la proposition qu'elle lui fit.
Si elle voulait goûter ? Euh. What ?
C'était étrange comme Rafael se montrait particulièrement généreuse et agréable aujourd'hui. Etrange et perturbant. Ca lui rappelait vaguement la première fois qu'elle s'était comporté comme ça. De manière altruiste, si on peut dire, en s'occupant d'elle. En fait, ce n'était pas leur rencontre au bar qui avait été la première fois, mais même déjà avant. Et ça avait quelque chose d'étrange, mais en même temps rassurant. Comme si elle pouvait compter sur elle. La blague.
Et avec tout ça, elle n'avait toujours pas répondu, mais elle le fit rapidement, tout de même.
« Une fois installées, pourquoi pas. »
Et elles le firent. La plus jeune s'installa avec un peu plus de retenue, mais adopta une position un peu plus étrange que la blonde, posant son pied sur la chaise pour garder une jambe contre elle. Une position qu'elle prendrait sans doute tout le temps si sa mère ne lui faisait pas régulièrement remarquer le caractère inapproprié de la chose.
D'ailleurs, en parlant de convention sociale et de caractère inapproprié, elle avait faillit oublier.
« Merci, pour la glace. »

Elle planta finalement la petite cuillère de plastique bleu dans sa boule de glace, celle à la fraise. Elle voulait bien partager celle-là, mais si Rafael ne demandait pas explicitement de la myrtille, elle pourrait toujours courir pour en avoir. Car s'il y avait ben une chose que la brune n'aimait pas faire, c'était partager sa nourriture. Elle considérait que si elle avait pris quelque chose, c'était que c'était pour elle, et personne d'autre, et que quiconque tentait de lui voler sa propriété alimentaire méritait la peine de mort. Ca tenait donc déjà du miracle qu'elle partage, et si elle avait payé elle-même sa petite collation, croyez-moi que la professeure aurait pu aller en Enfer voir si y'avait de la glace.
Ceci dit, elle tendit le cuillère à Rafael, la voyant au passage mordre dans la boule glacée à la pêche, et elle ne pu retenir un commentaire sur cette manière particulièrement barbare de savourer ce plaisir estival.
« C'est rare les gens qui mordent directement la glace. Pour ma part je préfère la lécher, je trouve que c'est moins douloureux. »
Et étrangement, je suis sûre que dans sa tête, ces mots sonnaient terriblement mieux. Néanmoins, elle ne remarqua pas le sous-entendu, ou tout du moins l'ignora puisqu'elle eut un léger froncement de sourcil après l'avoir dit. Et peut-être aussi que ses joues avaient quelque peu rosis, mais ça, avec la chaleur, je n'en jurerai pas. Ce n'était pas qu'elle soit particulièrement prude, d'ailleurs, au contraire, surtout qu'avec son frère ils se montraient particulièrement crus pour parler de ces choses là, mais là, c'était un peu différent.
Néanmoins, elle préféra ne pas s'attarder sur le sujet pour se concentrer sur sa glace, entrouvrant les lèvres en les approchant du plaisir givré, pour venir passer sa langue avec un délice tout particulier sur la surface rouge qui s'offrait à elle, conservant son parfum préféré pour après. Il fallait toujours garder le meilleur pour la fin, voyez-vous. Elle ferma un instant les yeux en savourant la saveur fruité sur sa langue, qu'elle glissa sur ses lèvres pour que rien ne puisse lui échapper. Sa peau fut parcouru d'un court frisson alors que la fraîcheur se répandait dans sa bouche. L'ombre de ses cils projetée sur ses joues disparut alors que son regard s'ouvrait à nouveau pour venir se poser sur Rafael.
« Ca, c'est une bonne surprise... » Elle fut attirée par la cuillère de la blonde. « Du coup je serais vraiment curieuse de goûter. Je suis sûre que pour une fois les conventions sociales auront du bon. »
Dans tous les sens du terme.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyVen 30 Aoû - 22:18

    Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes
    RAFAEL & ANAËLLE

    .ReedNight

    «Une fois installées, pourquoi pas.» Je me retins pour ajouter que ma proposition avait une limitation dans le temps (ça n’aurait pas été très polie), et je me contentais d’hocher vaguement la tête, hochement de tête qui ressemblait plus à un mouvement pour remettre ma coupe de cheveux parfaite (ahah) en place. Je me laissais tomber dans l’une des chaises, avant de jeter un coup d’oeil à la position qu’adoptait la jeune fille, et il m’était (bien trop) facile d’imaginer sa mère la réprimander pour une tenue aussi incorrecte (ce n’était pas comme si je l’avais déjà vu faire, non, non). «Merci, pour la glace.» «Je vous en prie.» Ce n’était pas comme si elle m’avait vraiment laissé le choix, au fond, avec sa tête de gamine mal nourrie qui rêve de mordre dans une glace à la vanille. ... En fait, si. J’avais tout à fait eu le choix. Je n’étais pas vraiment le genre de personne que l’on peut forcer à faire des choses, j’imagine que vous vous en êtes maintenant rendu compte : tout bonnement parce que pour me forcer à faire quelque chose, il faut un moyen de pression, ce qui sous entend qu’il y a quelque chose à laquelle je tiens dans ce monde stupide suffisamment du moins pour faire des choses contre ma volonté afin de la sauvegarder... Et ça, ce n’est pas demain la veille que ça arrivera. Il n’y a eu qu’une seule personne sur terre dont je me suis préoccupée plus que ma propre personne, et il y a bien longtemps qu’elle n’est plus là pour être prise en otage. Et quant au reste... Rien. Nada. Vide, froid. Je mordis dans ma glace. Bah. Ça, ce n’était vraiment pas la nouvelle du siècle (bien que cela signifiait, au fond, que je l’avais fait parce que j’en avais eu envie. et ça, ça, c’était intéressant. je devrais en parler à ma psy, tiens).

    «C’est rare les gens qui mordent directement la glace. Pour ma part je préfère lécher, je trouve que c’est moins douloureux.» L’image d’une brune un peu conne s’imposa bien rapidement, et totalement malgré moi dans mon esprit, et je battis des cils pour la chasser, vivement. «J’aime bien cette... sensation d’agression des gencives.» Mais il était vrai que j’aimais également les Bloody Mary au petit déjeuner, je n’étais donc pas certaine d’être un exemple à suivre. «C’est que j’aime vivre dangereusement, vous voyez.» On ne s’attardera pas sur la magnifique référence à Austin Powers, l’espion britannique aux dents abominables et doté du Mojo ultime. Si vous n’avez pas saisi, vous avez raté votre vie, Austin Powers, c’est trop génial.
    Je me saisie de l’une des petites cuillères plantées dans la glace, rattrapant une goutte de pêche qui coulait sur le cornet, et prit un petit bout de glace, que je déposais doucement sur ma langue, le laissant fondre. Le goût de la pêche envahit ma bouche, et je m’autorisais un très léger sourire de contentement. C’est que c’était bon. C’est que c’était vraiment, vraiment très bon. On ne sentait pas le goût d’une glace chimique comme on en trouvait trop souvent (surtout chez les glaciers coincés entre deux boutiques, comme celui-ci, minuscule, et qui ressemblait plus à un vieux placard à balais réaménagé). C’était... frais. C’était bon. «Ça, c’est une bonne surprise... Du coup je serais vraiment curieuse de goûter. Je suis sûre que pour une fois les conventions sociales auraient du bon.» Silencieuse, je tournais le cornet, et vint présenter la boule encore vierge du passage de ma langue ou de l’assaut de mes dents à la jeune femme, la petite cuillère colorée pointée dans sa direction. «Je vous en prie.» Deux minutes de plus, et elle pouvait se mettre mon offre de partage droit là où j’pense.
    Je la laissais prendre un morceau de ma glace et, avant qu’elle n’ai eu le temps de rouvrir la bouche (si jamais cela avait été son intention), je la coupais : «Et, non merci.» Je donnais un coup de langue sur ma glace. Les conventions sociales exigeaient (stupidement, d’ailleurs, c’est qu’ainsi, l’acte d’offrande devenait un acte égoïste de vol par obligation) que lorsque l’on se voyait offrir quelque chose,il fallait rendre à l’autre son équivalent, dans la mesure de nos moyens : en d’autres termes, je lui propose ma glace, elle me propose la sienne. Et je n’voulais pas de sa glace. «Je crois que je n’ai jamais choisi un autre parfum que pêche...» ajoutais-je, songeuse.
    La première fois que j’avais mangé une glace, ça avait été avec mon père : je n’savais pas quoi prendre, alors je l’avais laissé choisir, et je m’étais retrouvée avec une boule de glace à la pêche dans un petit cornet (nous n’étions pas bien riches, et c’était déjà un sacré luxe) : je pouvais encore revoir son regard doux posé sur moi, et la difficulté qu’il avait eu à sortir le bon nombre de billet de son porte-feuille pour régler le glacier (souvent, je me disais qu’heureusement que j’étais devenue bonne avec les chiffres rapidement en grandissant, car mon père avait dû être roulé dans la farine de nombreuses fois, avant que je n’vérifie ce qu’il faisait). Avec cette glace à la pêche, je m’étais sentie riche comme Crésus. Et quand les Rhodes m’avaient emmené chez le glacier, lors de l’une de nos premières «sorties en famille», je n’avais pas démordu de la pêche. Pour les agacer, les mettre de mauvaise humeur, ou les rendre triste, ou peut être même tout ça a la fois. Et c’était resté. Je mangeais de la glace à la pêche, dès que je le pouvais. Devant la télévision, le pot sur les genoux, la cuillère plongée dedans. Dans mon lit, la couverture au dessus de ma tête, me foutant pas mal d’en mettre partout.

    «Vous êtes très proche de votre frère, n’est-ce pas ?» J’avais dit cela en piquant la petite cuillère dans ma boule de glace, comme s’il s’était agit... de la chose la plus naturelle du monde. «C’est l’impression que vous avez donné, en tout cas, sur scène.» Je déposais la glace sur ma langue, comme tout à l’heure. Moi, je n’avais jamais eu de frères ou de soeurs. Et je n’en avais jamais voulu non plus. Je n’avais jamais envié ceux qui en avaient, au contraire, je les plaignais. J’aurais détesté, de toute façon, toute personne portant ce titre.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle EmptyLun 2 Sep - 14:57



Un non, c'est comme un oui, mais avec des lettres différentes
« It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves. »

La petite cuillère pointée dans sa direction, l'adolescente vint la saisir en tendant le bras, se penchant légèrement en avant pour ensuite venir la planter dans la glace exposée sous son regard. Elle la dirigea alors chargée de pêche jusqu'à sa bouche, venant l'engloutir pour ensuite s'arrêter un instant sur le goût qui se diffusait dans sa bouche. Elle ressortit l'objet ensuite et le déposa, glissant un « Merci. » à la femme qui lui avait déjà dit que ce n'était rien, même si elle avait utilisé d'autres mots.
Rafael refusa de recevoir en retour le parfum sacré de glace à la fraise d'Anaëlle. L'adolescente haussa alors les épaules et lâcha un « Tant mieux » des plus naturels, comme si ça avait été la seule chose à dire en cet instant. C'est qu'elle n'était pas partageuse, et qu'elle n'avait aucune raison de cacher un quelconque soulagement quant à ce refus du partage. Même si elle y aurait évidemment cédé s'il l'avait fallut. L'adolescente eut ainsi la grande joie de se débarrasser de la cuillère qui envahissait sa propre glace, non sans en ôter ce qu'il y avait dessus rapidement avant de la déposer à côté pour pouvoir profiter des deux seules boules qui pourraient bien un jour l'intéresser sans doute.

La confidence de Rafael fit hausser un sourcil à la jeune femme. Elle n'avait jamais rien mangé d'autre que de la glace à la pêche ? Voilà qui était inhabituel. Cela fit réfléchir quelques secondes la brune sur ses propres goûts en matière de glace. La myrtille arrivait en tête de liste pour ses parfums préférés, mais il lui arrivait régulièrement de prendre autre chose avec, pour renforcer le plaisir qu'elle aurait alors de dévorer la boule de glace (ou la barquette si elle en achetait pour chez elle, ou que ses parents le faisaient). Même si aujourd'hui le contraste ne serait pas flagrant, elle savait par avance que le passage de la fraise à la myrtille lui ferait du bien aux papilles.
« C'est un choix intéressant. » Et pour l'adolescente il n'y avait pas forcément de raison à ce choix. Parfois c'était simplement qu'on pouvait trouver un parfum qui nous plaisait vraiment du premier coup, parce qu'on aimait bien le fruit, et qu'on avait pas envie de goûter autre chose. « Au moins on pourra régner à deux sur le monde merveilleux de la crème glacée et du sorbet. » Elle fit un sourire en déclarant ça, la vision d'un pays constitué de glaces s'imposant dans son esprit, les montagnes de boules de couleurs diverses et variés s'étendant à perte de vu, saupoudré de glace à la noix de coco. Les arbres seraient constitués de glace au chocolat et à la menthe, avec des fleurs au citron et à la fraise, et à encore bien d'autre, et il n'y aurait qu'à se mettre sur la pointe des pieds pour se saisir d'une boule de pêche ou à se baisser sur un buison de glace à la myrtille. Et le monde serait beau depuis les deux palaces de la pêche et de la vanille.
Fort heureusement, Anaëlle s'abstint de partager cette vision à la femme. Elle risquait de la faire fuir, et elle n'aurait plus aucune chance de la convaincre de la conduire hors de la ville pour aller voir les étoiles filantes ce soir. Ce qui serait triste.

La question qui se posa ensuite la surprit un peu, elle devait bien l'avouer, et elle haussa un sourcil, entraînant à peine l'autre dans son ascension mais sans plus. Elle se demanda pourquoi elle amenait ce sujet là sur le tapis en avalant la glace qu'elle venait de lécher, la pauvre fraise ayant déjà bien souffert de ses coups de langues acharnés. Elle resta un instant silencieuse, sans rien faire, avant de très légèrement froncer les sourcil en décalant sa bouche sur le côté une seconde en signe de réflexion.
« On peut dire qu'on est proche, en effet. » Elle lâcha un petit soupir amusé, suivit d'un léger sourire. « Disons qu'on a traversé pas mal de choses ensemble, et il a toujours été là pour moi, comme j'ai toujours été là pour lui. » Mais ça n'avait pas suffit, et son regard se voila tout comme son visage se ferma un peu, alors qu'elle évitait de le poser sur Rafael pour qu'elle n'y lise quoi que ce soit.
Elle prit un air dégagé, fit un faux sourire dont elle commençait à avoir l'habitude, et reprit sur un ton plus ou moins enjoué.
« Parfois ma mère se demande si j'suis pas née avec deux ans de retard, d'ailleurs. Mais bon, je n'ai plus besoin de lui pour m'éviter de finir dans une poubelle parce que j'énerve tout le monde, et que les gens n'aiment pas ce qui est différent d'eux. » True story, mais dont le récit n'a pas forcément d'intérêt réel ici, surtout que ça s'est bien fini, et qu'elle n'a pas eu à subir cette humiliation. Mais c'est vrai que parfois avoir quelqu'un pour la défendre ne serait pas de trop en soirée, et c'était sans doute pour ça qu'il était rare de les voir séparés. « Alors on vit nos vies, et puis de temps en temps on profite de moments ensemble comme ça. C'est cool d'avoir quelqu'un comme ça. » Même si elle avait peur de le voir s'éloigner en un sens, parce que même s'il semblait stable aujourd'hui, elle avait appris à ses dépends qu'il cachait mieux ce qu'il ressentait réellement qu'elle le pensait, et qu'il lui dissimulait plus de choses qu'elle le voudrait.

Elle hésita un instant, reprenant de sa glace avant d'observer la femme. « Vous avez des frères ou des sœurs ? » A première vue, elle dirait que non, mais on savait jamais vraiment. Elle plissa un instant les yeux en l'observant. « Hum. Pourquoi vous êtes devenue professeur ici, d'ailleurs ? Au lycée ça avait pas trop l'air d'être votre ambition si j'ai bien compris. » Tant qu'on était dans les questions personnelles, hein. Autant continuer.

[/quote]
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty
MessageSujet: Re: Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle Empty

Revenir en haut Aller en bas

Un non, c’est comme un oui, mais avec des lettres différentes (+) Anaëlle

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» Welcome to New Orleans | Murchadh & Anaëlle
» Anaëlle & Heaven + dans la rue
» Laisse moi te voler ton image... [Heaven & Anaëlle]
» Anaëlle Prescott • Je rêvais de pouvoir manger les étoiles
» une rencontre pas comme les autres (neil)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: la ville de la nouvelle-orléans :: garden district-