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La solitude, c'est l'indépendance qui présente sa note.

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Ty Hamilton
Ty Hamilton
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MessageSujet: La solitude, c'est l'indépendance qui présente sa note. La solitude, c'est l'indépendance qui présente sa note. EmptyJeu 20 Juin - 19:41



Ty & Murchadh
 La solitude, c'est l'indépendance qui présente sa note.



L’odeur de café a rempli l’habitacle de la voiture alors que le soleil est à peine levé. Les paupières à demi-clause, je me laisse aller contre l’appui-tête derrière moi tandis que l’vieux Gabriel, mon voisin, siffle un vieil air de blues. Le quartier le plus paumé de cette ville disparait bientôt pour laisser place à la rive du Mississipi. Je me saisis du thermos gentiment préparé par la femme du vieil homme à la peau noir et tachée d’une vie de travail à l’extérieur. On dirait qu’il a quatre-vingt ans, en fait, il doit en avoir cinquante à tout casser. Les traits de son visage racontent sa vie, une salle vie. Peu bavard, natif du coin, pas bien dérangeant, il m’avait aperçu en train de réparer un vieux meuble dans la cours arrière de mon immeuble l’autre jour. J’avais remis la vieille armoire à neuf sous son œil inquisiteur. Il était resté toute la journée à m’observer, assis sur sa chaise de camping, son cure dent entre les lèvres, ses mains croisées sur ses genoux. Lorsque le soir était tombé et que j’avais appliqué la dernière couche de laque, il m’avait proposé un petit boulot, parce que selon-lui, gratter une guitare c’est pas ce qui fait vivre un gamin. Je n’avais ni argent, ni vie, mais surtout aucune raison de refuser, j’avais accepté, puis c’est comme ça que je m’étais fait engager par l’ami d’un ami d’un ennemi. Depuis, Gabriel était là, à chaque matin, au bas de mon immeuble, perché derrière le volant de son vieux pick-up blanc et rouge. Il me  trimballait jusqu’à mes chantiers tous les matins afin d’honorer son propre engagement. J’pense qu’il me fait pas confiance, il a peut-être raison. L’amertume du café me fait ouvrir les yeux au complet et je tourne la tête vers Gabriel, son éternel cure dent entre les lèvres, sa vieille chemise de flanelle sur le dos. Sa tête se dandine au rythme d’une mélodie connue par lui seule, je dépose le thermos, puis me penche pour attacher le lacet défait d’une de mes bottes de travail.

Les battisses colorées à l’architecture variée attire mon attention, je sors la tête par la fenêtre et constate que le quartier des Irlandais commence à s’éveiller : un homme en pyjama se gratte le ventre avant de se pencher pour ramasser son journal, une gamine se fait littéralement tirer par un chien de deux fois sa taille au bout d’une laisse « C’tun bon coin ici » Je suis surpris dans mon examen superficiel des lieux, puis jette un œil à l’homme qui avait soudainement retrouvé le don de la parole. J’hoche la tête, faisant semblant de voir et comprendre où il avait voulu en venir « Y’ont été épargné par Katrina… » J’hoche la tête à nouveau en ajoutant un semblant de réponse humaine « mmmph » Il se tait, les deux mains contre son volant au cuir qui a déjà bien vécu, puis soudainement, l’engin ralentit et se tasse vers la droite devant une maison qui doit avoir au  moins cent ans. Un immense container se trouve à barrer notre chemin et une bonne dizaine de gars dans mon genre s’activent déjà un peu partout. J’ouvre la portière après y avoir balancé un bon coup d’épaule puis saute sur le sol. « Merci Gab’ » Je lève la main à la hauteur de mes yeux afin de le saluer et referme la portière qui claque violemment. Le vieillard lève sa paume dans ma direction en hochant la tête abruptement « Bonne journée Ty, fais-pas de conneries » Je souris pour la première fois de la journée (et possiblement du mois ) « J’vais essayer » Je peux rien garantir. Je me saisis de mon sac dans la boite du pick-up, puis le véhicule redémarre en trombe pour finalement disparaitre deux coins de rue plus loin. Je lève la tête vers le chantier et me gratte le haut de la nuque songeant qu’un bulldozer me semble une alternative plus appropriée qu’une remise à neuf. « Toi Hamilton t’es sur le toit aujourd’hui…» Ma mâchoire se crispe et je dévisage mon interlocuteur, l’entrepreneur, « Ty, c’est Ty » Il éclate de rire en m’assénant une claque contre l’épaule avant de filer s’occuper d’autre chose. Quelques jurons s’échappent d’entre mes lèvres tandis que je balance mon sac dans un coin.

Il est près de midi, le soleil a atteint son zénith, mon t-shirt retiré est ceint autour de ma taille et je m’attèle toujours à mon bardeau tout en silence en tête en tête avec ma gourde d’eau alors que les deux autres gaillards attitrés au toit s’entêtent à me faire chier avec passion depuis près d’un quart d’heure déjà.  Mon marteau s’abat un peu violemment contre le bardeau au rythme des mots auxquels je ne porte pas attention « Le p’tit a honte de son nom? T’as tué quelqu’un ou quoi pour débarquer ici incognito… » « Pour moi, il est juste pas très bavard… Sa copine vient d’le plaquer si ça s’trouve »  « Je pense pas qu’il soit du genre ‘copine’ .. Je crois plutôt que c'tune saleté de batard.» Deux rires bien gras retentissent et j’en viens momentanément à souhaiter l’extinction totale de la race mâle, moi inclu. Je lève le regard dans leur direction alors que le métis des deux a la désobligeance de reprendre la parole « C’est l’heure du lunch, tu viens ? » Je secoue la tête de gauche à droit en attrapant ma bouteille d’eau que je fais descendre de moitié « Non…C’bon… »  Ils descendent le long de l’échelle et je marmonne dans ma barbe en déposant ma bouteille « Je vais m’passer d’votre compagnie. »

L’temps passe, l’eau s’amenuise, lorsque je me glisse jusqu’à l’échelle, je constate que l’échelle n’est plus. Je zyeute les alentours pour l’apercevoir allongée contre la pelouse un peu plus loin « Les sales cons ».
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Murchadh D. MacGregor
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MessageSujet: Re: La solitude, c'est l'indépendance qui présente sa note. La solitude, c'est l'indépendance qui présente sa note. EmptyMar 25 Juin - 17:35

Wednesday, June 24th
Il fait beau. Mais de ce qu'il a cru comprendre, ce n'était pas un événement rare à la Nouvelle Orléans. L'État, situé au sud des États-Unis, pouvait se vanter d'être en bonne place, niveau climat. Un peu moins d'un point de vue géographique, si l'on prend en compte la quantité de marais qui peuvent sévir dans les environs. Un environnement qui avait été pris en compte par les premiers colons britanniques qui, contrairement aux Français, avaient préféré déserté cette zone infestée d'alligators.
Comme leurs vieux amis Outre-Manche, les Écossais s'étaient particulièrement plu dans cette partie du continent : des marais, des arbres, la mer, quoi de mieux pour un highlander ? La terre était fertile, les tourbes nombreuses, voici qui promettait de quoi faire... Du très bon whisky.
À ceci près qu'à force de taxes et qu'avec le prix que coûtaient les cultures de céréales, les lois coloniales avaient imposé l'utilisation du maïs, ingrédient impur dénaturant totalement ce noble alcool ! Et c'est ainsi que naquit : le Bourbon. Vingt-cinq pour cent de maïs minimum utilisé pour sa fermentation, un sacrilège, mais même quelqu'un comme Murchadh, tombé dans le tonneau de whisky quand il était petit, se devait de reconnaître qu'il existait d'excellents bourbons.
Comme celui qu'il contribuait à fabriquer depuis quelques jours. Les choses s'étaient totalement précipitées : à peine arrivé ici qu'il s'était déjà retrouvé avec un travail, des conseils pour l'inscription du petit à l'école à la rentrée, un début de vie sociale. Que demander de plus, après tout ? Et croyez-moi qu'après une dizaine de jours, notre grand Écossais s'est déjà fait plein de copains sur le site de production. Polyvalent, dynamique, vif, il avait eu tôt fait de se démarquer et de s'imposer comme l'homme à tout faire.
Et ce n'était qu'une question de temps avant que ça ne soit le cas dans un peu tout le quartier.

Justement, parlons en.
Monsieur MacGregor rentre du site de production, en marge de la ville. Levé très tôt pour aider dès le lever du jour, il avait le privilège de finir ainsi plus tôt – et de pouvoir aller partir un peu à l'aventure dans le Bayou si le cœur lui en disait (et le cœur lui en dit souvent). Il se fait déposer par un collègue à l'entrée du quartier et sifflote joyeusement sur le chemin du retour. Le soleil brille dans le ciel, il fait certes chaud mais rien ne l'empêche d'aller se rafraîchir dans la mer, il a fini sa journée et va pouvoir retrouver son petit garçon qui a du finir les devoirs envoyés par l'organisme d'école à distance.
The sooner, the better, lui avait expliqué le jeune père, non sans insister sur le fait que dès qu'il serait parvenu à bout de cette tâche gargantuesque, le petit être aux yeux verts pourrait jouir de vacances bien méritées – un argument qui a eu un impact considérable, vous pouvez me croire. Il ne serait pas surpris qu'il ait terminé, finalement, et qu'il soit allé se perdre dans le voisinage pour jouer avec des gamins de son âge.
Pas farouche le môme, vous pensez bien.
Bref, j'en étais à Murchadh qui rentre en sifflotant joyeusement. Un tee-shirt clair sur les épaules, jean sur les hanches, il s'avance dans l'avenue, jusqu'à entendre une petite voix toute tremblotante se disputer avec une voix bien plus jeune et bien plus assurée.
Aha. Mamie dispute son Petit-Fils alors que la voiture est coincée sur le bord de la route, le capot grand ouvert. Aucune fumée ne s'en échappe, personne n'est blessé – hein Anaëlle – mais ça a l'air d'être bien la galère. C'est donc tout naturellement qu'il s'approche, une main dans la poche.
« Hiya ! Problem?1 »
Deux paires d'yeux se tournent vers lui, et ce sera l'accent irlandais qui lui répondra en tremblotant légèrement.
« My grandson did be supposed to take care of it, but 'tis still broken.
- Grand'Ma ! » proteste ledit petit fils. Et bientôt, l'accent américain du jeune homme d'à peine vingt ans vient s'ajouter à ce concert fort coloré : « I have no idea why this fuckin' car's just broken down ! I did take care of it, will ya listen? 2»
Rien qu'à la façon de parler, l'Écossais devine l'histoire de la famille : les grands parents, irlandais s'il en croyait l'accent et les idiomes, ont du venir s'installer dans la région dans leur jeunesse, et s'y reproduire. Depuis, la famille s'est sédentarisée et de vrais Américains élevés au maïs sont nés.
« Dinnae worry 'bout that. » fait-il en se faufilant entre eux. Il s'appuie d'une main sur le capot, observe l'intérieur, jauge les niveaux, vérifie les bougies, replace les causses de batteries. « Go and turn the key, so I can hear yer problem. 3»
L'autre grogne mais s'exécute. Murchadh grimace en entendant le bruit, et finalement se penche pour voir sous la voiture. Ses sourcils se froncent et jaugent une flaque d'huile ; il se redresse, s'écarte, regarde la route, et voit un léger filet qui, par endroit, s'est étalé sur la chaussée.
« ... When was the last time ye changed the oil?
- I filled it up this morning !4 »
Murchadh a un instant de flottement ; avant qu'un juron en gaélique ne passe ses lèvres.
« Oil, nae gas. Ye're losing oil, and yer engine is nae really keen on it. Ye need tae do an oil change, and quickly, or it'll just keep going wrong 'til it breaks down for good.5 »
Un problème mineur, mais si la vidange avait été oubliée depuis un moment, avec un carter d'huile fuyant, la voiture allait continuer à leur poser problème sans discontinuer. Il indique une station essence, au bas de la rue, au bien étrange duo, et accepte d'aider le petit-fils à pousser la voiture jusque là-bas, quand bien même cela lui fait-il faire un détour. Là-bas, ils trouveront de quoi faire une vidange artisanale, et peut-être même de quoi changer le carter d'huile. Par contre, non, il ne peut pas les aider à le faire, c'est trop long et trop chiant, mais le garagiste qui aide le pompiste sera ravi de les aider – et de pomper un peu de leur fric au passage.

Enfin, après cette anecdote inutile, Murchadh peut-il retourner vaquer à ses occupations.
Il remonte dans le quartier, cherche la ville des Prescott parmi ces maisons qui se ressemblent toutes. Il a tôt fait de grogner un peu mais s'en remet à son sens de l'orientation sans faille pour pouvoir retrouver son chemin.
Et c'est ainsi que, les mains dans les poches, reprenant son sifflotement intempestif, le jeune homme passe devant la même maison que celle sur laquelle Ty travaille.
Ou plutôt sur le toit de laquelle il est coincé. Sans vraiment se poser de questions, l'Écossais poursuit sa route – c'est tout juste si on ne s'attend pas à le voir sautiller – guette les jardins très clean des alentours, et finit par poser les yeux sur la fameuse échelle.
Ooooh, tiens, c'était pour grimper aux arbres ? Les locaux en avaient donc besoin ? Bande de tanches, tiens...
Quoi que c'était peut-être plus pour les toits, l'arbre avait l'air bien mal taillé pour quelqu'un qui aurait voulu grimper dessus...
Et c'est en suivant ce cheminement de pensée que Murchadh finit par poser les yeux sur Ty.
Et là, c'est le moment mind-fuck.
Mais que pouvait bien foutre ce mec tout seul sur le toit ? Pourquoi ne descendait-il donc pas ? C'était complètement con, vous en conviendrez. Profiter du soleil était quelque chose de faisable au sol, surtout à l'heure de la pause déjeuner ! Et puis, il y avait plus excitant que d'escalader une maison ; escalader un gratte-ciel, ça c'est du sport !
Bref, comme souvent, c'est par son décalage à la limite de l'excentricité qu'il se démarque, avant que ses sourcils ne se froncent.

« … What the hell are ye doing up here?6 » finit-il par lâcher, par curiosité.
Un ouvrier ? Non, ce n'était pas l'heure, à cette heure-ci, on mange.
Donc...
Qui ?
Quoi ?
Pourquoi ?

_________________________

1Hey ! Problème ?
2Mon petit-fils était sensé en prendre soin, mais c'est tout de même en panne.
- Mamie ! J'ai aucune idée de pourquoi cette pute de bagnole s'est mise en panne ! Oui j'en ai pris soin, si tu m'écoutais !
3Vous en faites pas. Va tourner la clef, que je puisse entendre le problème.
4Quand est-ce que tu as fait la vidange (changer l'huile) pour la dernière fois ?
- J'ai fait le plein ce matin !
(Problème de vocabulaire : en anglais, oil peut désigner l'huile, le pétrole et le gazole)
5Huile, pas gasole. Tu perds de l'huile, et ton moteur aime moyen. Faut faire la vidange, et vite, ou ça va continuer comme ça jusqu'à ce que ça lâche pour de bon.
6Mais qu'est-ce que tu fabriques là-haut ?
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Ty Hamilton
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MessageSujet: Re: La solitude, c'est l'indépendance qui présente sa note. La solitude, c'est l'indépendance qui présente sa note. EmptySam 29 Juin - 16:24



Ty & Murchadh
 La solitude, c'est l'indépendance qui présente sa note.



Suffirait de quelques dromadaires, d’un Oasis hallucinée et de quelques Maures -bidanes ou harratines-  et on se croirait en plein désert du Sahara. J’aurais au moins le mérite de vivre une aventure. Là je me retrouve tel un con, comme une saleté de con, à me déshydrater au soleil plombant de midi. Assis un peu en retrait au bout du toit, les jambes allongées devant moi, je me concentre à ne pas mourir ou bien défaillir, ça leur causerait bien des ennuis si je venais à crever là. Trop orgueilleux pour oser gueuler après les employés du chantier que j’aperçois très bien d’ici, tous assis dans la boite d’un camion de l’autre côté de la rue à engloutir leur sandwich. C’est sur leur thermos d’eau que, moi, je lorgne. De multiples jurons s’échappent avec volupté de mes lèvres alors que je m’imagine envoyer un bon crochet droit contre le visage du métis qui m’avait tantôt emmerdé. Quoique, vu les circonstances, un coup d’échelle pourrait également être à envisager, plus violent, plus contentant. J’en viens même à envier le temps d’un très bref instant, les pouvoirs octroyés aux héros des X-men de mon adolescence. Tiens, si au moins j'avais une bande dessiné sous la main, y'aurait de quoi m'occuper.

Je ferme les yeux quelques secondes, douce erreur, j’me revois, il y a de longs été de cela, dans la cours arrière de la ridicule maison de Mélinda coincée entre deux immeubles en plein centre ville de Chicago. Mes lèvres s’étirent en un mince et tout juste perceptible sourire à cette image. J’me demande ce qu’on allait en faire, maintenant, la vendre, la garder? Qui en voudrait? Avec ses fleurs plantées partout, littéralement partout, avec ses vieux meubles, l’odeur de vanille comme incrustée dans les moindres parcelles de la maison. C’était la canicule, mon premier été chez elle, j’voulais rien savoir des autres, rien savoir d’elle non plus. Je m’étais réfugié sur une branche du vieux boulot du fond du terrain. J’y étais resté tout l’après midi et lorsque Mélinda m’avait trouvé, j’avais la bouche pâteuse de n’avoir rien bu et un coup de soleil monumental sur toute la surface de mon corps qui avait été exposé. Elle n’avait rien dit, m’avait fait descendre, prendre un bain glacé, fait boire de l’eau à petites gorgées et avait accepté que je dorme sur le divan du salon avec mon pyjama de Spiderman. À cette époque, j’étais encore un peu effrayé par le grenier, j’avais pourtant finit par l’aimer ce grenier, mon grenier.

Lorsque j’ouvre à nouveau les yeux, le soleil semble avoir redoublé d’ardeur et mes idées s’entrechoquent. Les paupières plissées, ma tête m’élance.

Je défais le nœud qui retenait un peu mollement mon chandail à ma taille et l'enfile à nouveau, si je devais crever sec, je ne crèverais au moins  pas avec la tronche d’un homard cuit sur le BBQ. Ennuyé, en colère, je me fais glisser jusqu’à ce que j’aperçoive le sol sous mes pieds. J’analyse, réfléchis. Sur une échelle de 1 à 10, la probabilité que je me rompe le coup et me casse à peu près la moitié de mes os en sautant doit bien se situer entre 9,5 et 10. Je laisse tomber l’idée pas si ingénieuse que j’ai bien pu le penser quelques secondes, puis darde mon regard contre l’échelle à plat contre la pelouse en contre bas. « J’les emmerdes » Je suis pas mal convaincu qu’ils s’en donnent en cœur joie dans la rue. J'enfonce mon poing contre le bardeau sous moi et le choc se répercute jusqu’à mon coude ce qui m’amène à secouer la main dans tous les sens, ça ou comment avoir l'air d'un avorton. Je me saisis de ma gourde d’eau, vide, qui trainait à côté de moi et la jette  dans les airs. Je l’aperçois heurter le pavé de l’entrée et rebondir avant de finalement rouler jusqu’à la rue. Je ne me sens pas mieux, juste plus stupide.

Les genoux ramenés vers moi, le menton appuyé contre mes deux bras, du bout d’un pied je joue avec le manche de mon marteau. La poitrine commence à m’élancer et la soif se fait maintenant sincèrement sentir. J’en suis à deux doigts de m’avouer vaincu et de me mettre à crier comme un pauvre idiot contre les autres travailleurs lorsqu’une voix me parvient.  « Mais qu'est-ce que tu fabriques là-haut ? »  Je fronce les sourcils, et m’étire la nuque afin d’apercevoir de qui s’échappe la voix au timbre grave.  Un homme, de mon âge je dirais, il m’observe apparemment intrigué: y'a de quoi l'être. Il doit bien se demander comment diable je me suis retrouvé là, bien con. Mon premier réflexe tend malheureusement vers l’amertume « J’m’amuse…qu'est-ce que tu penses...» Je grommèle dans ma barbe ayant bien envie de renchérir encore, mais voilà que je me souviens de la bien fâcheuse position dans laquelle je suis « en fait…je… » Je soupire, passe une main sur mon visage en me mettant sur les genoux afin qu’il m’aperçoive un peu mieux. Je passe ma langue sur mes lèvres et pointe à l’aide de mon marteau l’échelle qui dort tranquillement à quelques mètres de lui « On m’a joué un sale tour » Mon marteau se pointe maintenant en direction de la bande de rustres de l’autre côté de la rue. « Une genre d'initiation, tu vois... »
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