Si tu as grandi à la Nouvelle Orléans, peut-être m'as tu connue comme la petite fille qui habitait la grande maison sur la colline, peut-être même en as-tu déjà franchi le portail pour découvrir mon père un join à la bouche et ma mère affairée à préparer ton encas favori dans la cuisine. Famille un brin déglinguée mais accueillante somme toute. Depuis, mes parents ont divorcé avant de se rabibocher et vivent aujourd'hui leur second woodstock à New-York. Moi ? J'ai pris les voiles pour Boston et j'ai décollé l'étiquette indiquant 'musicienne de talent en devenir' de mon front, j'ai dit adieu aussi à une certaine joie de vivre qui me caractérisait fut un temps. J'ai été diplômée du Berklee College of Music de Boston, épousé un joueur des Red Sox, mais c'est pourtant en tirant une moue digne de Kate Moss que j'ai décidé de revenir dans ma ville natale. Plus ?

Mon appartement est sans doute le plus petit de Fontainebleau, mais je tenais à vivre dans un quartier chic - Mon jour préféré de la semaine est le jeudi, un cosy day où je traîne en pyjama, tout désagrément apporté à ce jour se punit de mort -  J'ai déjà offert à ma voisine du dessus un petit package contenant chaussons de mousse et cours de fitness – Ma voisine m'a offert des boules-quies en retour, je ne peux plus m’en passer – Provenant d’un milieu aisé, j'ai conservé quelques mauvais réflexes de fille gâtée – Je pratique le yoga sans vraiment savoir pourquoi – Mon fiancé m'a offert un caniche hypoallergénique qui me suit partout, et ce contre mon grés – Prospectus, croûte, salsifis et slip : autant de mots que je ne peux entendre sans tressaillir (que ça sonne laid !) – Depuis que j'ai arrêté de fumer, j'ingurgite autant de nicotine sous forme de gommes à mâcher nicorette – Je n’aime pas grand chose ni grand monde – Je ne peux pas faire mes "commodités" ailleurs que dans mes propres toilettes – Je suis soumise à des tas de préjugés sans queue ni tête, et tout spécialement sans sens – Il m'arrive de porter des grosses lunettes alors que ma vue est parfaite, juste parce que j'espère éviter que des garçons me draguent – Je peux me montrer très vexante sauf avec les coiffeurs, ils sont pourvus d’un étrange pouvoir sur moi et je les laisse me massacrer sans m'indigner – Je ne suis sociable que lorsque les bonnes mœurs l’exigent, mais globalement je me contrefous de faire de nouvelles rencontres.