Tout ce que je voulais c'était un téléphone, un fichu téléphone cellulaire qui me permettrait d'avoir un minimum de vie dans ce coin bien loin de Chicago. J'n'aurais pas pu tomber sur plus grand avorton que Thomas...Une humeur de merde le gars. Il me tiens en halène jusqu'à la fermeture me proposant les pigeons voyageurs, le petit con. Comble de malchance, je le recroise littéralement défoncé dans un bar le soir même et je me vois octroyer le titre du client le plus chiant de l'univers...  

Ce matin là, après quelques tentatives boiteuses, je me suis retrouvée à la Mairie, à demander la permission de consulter quelques documents...La petite secrétaire me les amène, et j'en ressens comme une pointe d'excitation ENFIN, j'allais foutre la main sur quelque chose...La voilà qui fronce les sourcils, feuillette les papiers et secoue la tête à la négative ''je suis désolée mon petit,mais je ne peux pas t'y donner, tu vois, c'est classé confidentiel...'' Je prends appuis contre le bureau et m'avance vers elle "vous déconnez?...." Je jette un regard circulaire à l'endroit avant d'ajouter "y'a pas un chat ici...ça restera entre vous et moi..." Elle secoue la tête à la négative, et je me recule de quelques pas, les bras croisés contre mon torse...Je reste dans le hall un bon moment, le regard fixé sur le document qui n'a toujours pas quitté sa place sur le bureau de la dame...à un moment, elle se lève et quitte la pièce...Je jette quelques regards dans les alentours, m'avance vers le bureau et me saisis rapidement du document que je me mets à feuilleter...Puis débarque...Timéo...

Crash Parker, mon cauchemar de toutes les nuits, mon ennemis de tous les jours. En gros, c'est pas très compliqué, l'gars, il m'aime pas. Forcément, je l'aime pas non plus. Son arrogance me donne envie de m'arracher les cheveux et de lui défoncer la tronche dès qu'il se trouve à moins d'un kilomètre de ma personne. Il me hait, parce qu'il pense que Shea et moi...enfin...Bref...Peut-être bien qu'il y a eu un soir, un seul, à un moment de faiblesse, mais l'eau a coulé sur les ponts, et ça ne signifie rien ni pour moi ni pour elle.

Ce matin là, j'étais assis, tout tranquille, en paix, seul, dans l'un des parc de Garden District. Je grattais ma guitare en chantonnant, essayais quelques nouvelles mélodies du coin pour plaire à la clientèle du The Blue Note, lorsque débarque un élément impromptu...Je m'apprête à grommeler, mais lorsque je m'aperçois que l'élément en question est haut comme trois pommes et me dévisage comme si j'étais le père noël, je me ravise. " heu salut" Le petit se lance dans une tirade monumentale et le temps d'un instant, je songe à fuir....Allez savoir comment,il se retrouve avec ma guitare en main, et moi je me transforme en pédagogue....Puis débarque soudainement une grande femme, en furie, à moitié timbrée: c'est son gosse.

Un soir, alors que je jouais au bar, débarque cette jeune fille, au départ, j'étais un peu agacé, elle parlait, beaucoup, beaucoup trop, une histoire avec son frère et la musique. Elle connaissait Joy, donc forcément le bavassage était une histoire de famille...Ou d'amitié...Qu'importe...Je l'ai renvoyé avec quelques grognements...Puis finalement, je l'ai recroisé, puis étrangement, on a pris l'habitude de traîner sans but. Elle est silencieuse, pas très loquace, j'apprécie. Sympa cette gosse.  

J’avais pris l’habitude d’arriver un peu avant l’ouverture du bar, je m’assoyais au comptoir, buvais en silence ma bière alors qu’elle, elle faisait la conversation. C’était devenu ma routine. Énergique, brillante, un peu sauvage dans l’âme également, elle alignait les bouteilles derrière le bar, agitait son torchon dans tous les sens pendant que j’accordais ma guitare « T’es jamais en rupture de Stock? » J’avais arqué un sourcil dans sa direction après avoir déposé ma bouteille contre mon sous-verre. Voyant son incompréhension, je continue sur le même ton monotone « Ton énergie. Ça ne finit jamais par te donner le vertige? »

Joy Williams, barmaid à The Blue Note, bar pour lequel j’ai été engagé 4 secondes après  mon arrivée. J’la comprends pas, elle emmerde tous les petits cons qui s’essaient un peu trop avec elle, mais elle bavasse à ne plus en finir lorsque tu lui en donnes l’occasion. Du haut de mon siège sur la scène, je l’observe à demi désespéré, mais surtout plongé dans une grande incompréhension.

Le café croule sous les gens, à croire que c'est le seul endroit de la ville qui sert des trucs potables...Je m'étais déniché une table, ou plutôt une chaise libre. Je m'étais d'ailleurs attiré le regard plein de médisances de la grande blonde qui y était assise: j'avais simplement haussé les épaules et m'étais installé en silence. Mon gobelet devant moi, je m'affaire à déplier une carte de la ville achetée à la station de service plus tôt ce matin, je ne porte pas attention aux autres, je ne le fais jamais véritablement. Le visage à deux millimètres de ladite carte je finis par la déplier au complet lorsque ''AIEEEEEE SALR IMBÉCILE" une voie stridente me sort de mon entreprise...La grande blonde était trempée, du café partout...Elle vocifère dans ma direction et se met à pointer mes papiers du bout de son index...